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Diriger, créer, enseigner

La MISE EN SCENE et la FORMATION sont deux aspects importants du travail de Vincent Aubert. Dans deux de ses derniers travaux, SOUFFLE D'ANGES et LUNE DE MIEL, il a travaillé avec une Cie de clowns, à la fois pour bâtir le scénario et créer un spectacle en poussant les clowns en dehors de leurs sentiers battus. 
Participe à l'élaboration de nombreux récitals ou concerts dans le but d'en faire un spectacle. 
Il met également en scène des spectacles d'école de danses. 
 
Quant à la formation, elle peut être clownesque, mais en fait elle est surtout théâtrale. 
 
STAGE DE CLOWNS. 
 
Un clown est un personnage qui gagne alors que tout concourt à ce qu’il soit le perdant.  
 
Donner un stage de clowns dans une école est presque une contradiction. L’enseignant dispense son savoir pour que l’élève le suive. Du moins un certain temps. Le professeur de danse fait inlassablement répéter des mouvements pour assouplir le corps de celui qui suivra un chorégraphe. Le professeur de chant insistera pour que la note soit placée juste. Le maître d’acrobatie, de philosophie, d’escrime, de latin, tous voudront que l’élève maîtrise son art. 
 
Mais comment faire dans le domaine du clown ? Puisque le clown est justement celui qui ne fait pas comme les autres. Puisque le clown doit apprendre à utiliser ses propres défauts pour les transformer en art. Puisque le clown ne doit pas imiter le professeur. Puisque le professeur n’est pas là pour transmettre un savoir. 
 
Dissipons un malentendu. Un clown peut très bien être par ailleurs un grand musicien, un acrobate hors pair, un tragédien né. Mais il est clown parce qu’il met ses talents au service d’autre chose. La clownerie n’est pas une recette pour faire de la musique, de l’acrobatie ou de la tragédie. 
 
Le terrain du clown c’est soi-même. D’accord, c’est un peu vite dit.  
Soi-même, c’est son corps, avec sa dégaine propre : grand, petit, mince, gros, raide,  
Soi-même c’est son imaginaire, ses phantasmes, ses rêveries, son culot, sa curiosité. 
Soi-même, c’est sa voix, quelque part dans le corps. 
 
Alors quel peut être le rôle d’un maître de stage pour le clown ? Comment le maître va faire pour travailler une matière – les potentialités de l’élève - qui n’existe pas encore ? Qui ne sait pas encore qu’elles existent ? 
 
Certains disent qu’il faut chercher son clown intérieur. Mais existe-t-il un clown extérieur ? S’il suffisait d’activer les choses pour qu’elles existent ! Il s’agit d’un apprentissage pour saisir les choses dans une autre perspective, pour aller ailleurs. 
 
Une série d’exercices de base permet de travailler sans danger le b-a ba. Apprendre à ne travailler qu’une chose à la fois, travailler sur un objet dont on épuise l’utilisation, bouger sur de la musique sans se préoccuper de la signification, jongler avec les mots… 
 
Le sans danger est important. Car l’expérience de partir dans le vide pour un élève peut le bloquer, voire faire qu’il débloque, ses repères ne fonctionnant plus. Alors il devient totalement improductif. 
 
Les exercices demandent peu à peu à l’élève qu’il se mette en jeu, qu’il se mette en danger, qu’il commence à aller là où il n’y a pas de trace. Ce sont toujours des choses simples. Clown n’est pas forcément synonyme d’ « énaurme ». Et ce ne sont ni des modèles ou ni des références. Jouer Phèdre ou Lear est « compliqué » parce que l’on « connaît » quelque chose de Phèdre ou de Lear. Mais aller de A à B en utilisant trois moyens de transport ne devrait pas poser de problème. Et surtout aucun cliché ne viendra bloquer l’imaginaire de l’élève. 
 
Le professeur de stage va pouvoir alors intervenir sur les solutions trouvées par l’élève, lui ouvrir les perspectives pour en trouver d’autres et surtout le professeur va faire prendre conscience à l’élève de tous les virages qu’il a raté. Le professeur devant l’élève est pareil à Einstein qui, dans un train, demande au contrôleur : « Qu’elle est la gare qui vient de passer devant nous ? » 
 
Un stage de clown n’amène par forcément à devenir clown. Il permet d’oser. Phèdre, pas plus que Lear, n’existe en dehors de ce que l’on en fait. Un travail sur le clown permet à l’acteur d’investiguer sans a priori. 
 
Il faut aussi se débarrasser de l’image mythique et mystifiante du clown. Nez rouge et grosses godasses peuvent être utiles, mais pas absolument nécessaires. Le clown est irrespectueux du savoir, du pouvoir, des convenances. Aujourd’hui, comment être clown, comment reconnaître le savoir pour le ridiculiser, comment traquer le pouvoir pour mieux le singer, comment mettre le doigt sur les convenances d’une société non conventionnelle ? Beaucoup de question pour des réponses à inventer. 

 

(c) Vincent Aubert - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 3.04.2017
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